Photographier des animaux ne nécessite pas qu'une formation de photographe. C'est aussi une approche particulière, qui demande une bonne dose de passion et de patience, à l'affût du bon cliché.
La photographie animalière consiste à prendre en photo des animaux sauvages ou domestiques. Le photographe, bardé de son équipement, doit s'armer de patience et faire preuve de discrétion pour approcher son sujet.
Rares sont les photographes qui vivent exclusivement de ce type de photo. Mais beaucoup combinent cette passion avec d'autres activités professionnelles plus lucratives. Ils donnent la possibilité de découvrir dans leur intimité des animaux que la plupart des gens ne verront jamais.
Découvrez la fiche métier du photographe animalier.
Le photographe animalier, entre passion et métier
Les connaissances en chimie, informatique, optique et art plastique communes à tous les photographes doivent être complétées de compétences spécifiques. Connaître le comportement des animaux et leur habitat est indispensable. Ces photographes ont donc de solides bases en géographie et zoologie.
Une bonne condition physique est également nécessaire. Selon les prises de vue, le professionnel peut prendre des clichés depuis un hélicoptère, un bateau, dans l'eau ou perché dans un arbre.
C'est un métier exigeant, une photo pouvant demander des heures d'attente dans un environnement difficile et sous un ciel peu clément. "Je reste très longtemps à attendre en montagne", témoigne Martin Morel, photographe professionnel spécialisé dans les animaux sauvages de montagne. "Il faut avoir un mental d'acier et être patient. On reste 7h au même endroit, à piétiner. Il faut aimer ça !".
Le salaire du photographe animalier (aussi appellé reporter animalier parfois), ne suffit généralement pas pour vivre, c'est pourquoi les gens qui font ce métier le font souvent à côté d'une autre activité plus lucrative.
Les secrets d'une bonne préparation
Avant de partir en reportage, le photographe s'imprègne des lieux, repère les habitudes des animaux, les zones à privilégier et la qualité de la lumière. Cette préparation est fondamentale pour assurer le succès de la photo et éviter les risques inutiles.
"Je me suis fait charger deux fois par des sangliers", se souvient le photographe, conscient de la dangerosité de certaines situations. L'animal n'est pas le seul facteur de risque. Un professionnel reste humble face à une nature qu'il ne maîtrise pas : "L’hiver, il faut faire attention aux avalanches et surveiller les mouvements des troupeaux", souligne le photographe installé entre Voiron et Grenoble.
Dans les moments d'adrénaline, pas question de laisser trembler sa main ni de voir faiblir sa concentration : "c'est une gymnastique intellectuelle entre l'attention aux réglages et l'attention sur le terrain".
L'art du camouflage
Pour se fondre dans le paysage, chaque photographe a ses techniques. Martin Morel a opté pour un équipement militaire généralement utilisé par les tireurs d'élites : "Je suis pour ma part totalement camouflé. Je me pose à un endroit stratégique, en prenant en compte le sens du vent et ce que je veux faire comme photo".
Les animaux sauvages sont difficiles à trouver et à approcher sans se faire repérer. Les animaux domestiques, s'ils présentent moins de difficultés, sont très dispersés. Difficile de retenir leur attention plus de quelques instants !
Les formations pour devenir photographe animalier
Martin Morel, photographe professionnel depuis 4 ans, photographie les animaux depuis une dizaine d'année. Il n'a pas suivi de formation. "Un jour, je suis tombé sur deux loups et on ne m'a pas cru. À cet instant je me suis dis : si seulement j’avais eu un appareil photo !", enrage-t-il encore aujourd'hui.
Passionné de nature et de photo depuis toujours, cet autodidacte de 27 ans a appris sur le terrain et en observant des professionnels.
Il n'existe donc pas de parcours obligé pour devenir photographe animalier. Il suffit de suivre une formation de photographe puis de se spécialiser :
CAP photographie sur 3 ans
Bac pro artisanat et métiers d'art option photographie
Pour les titulaires d'un CAP photographie ou d'un Bac pro spécialisé photo, le BTS photographie est un prolongement d'études possible.
BTM photographe, accessible après un CAP ou équivalent. Ce diplôme -"le plus recherché dans la profession", selon Martin Morel- s'obtient en deux ans.
Un métier difficilement accessible
"Quelques grands noms vivent de la photo animalière, mais très peu de photographes y parviennent", regrette Martin Morel, qui s'inspire de Vincent Munier et de Laurent Baheux. Lui-même a d'autres sources de revenus en tant que photographe.
Il refuse de travailler avec des magazines qui selon lui ne rémunèrent pas assez les photographes pour leurs clichés. Il vend ses photos de sangliers, loups, lynx et chamois lors de vernissages et d'expositions dans son propre studio.
De nombreux concours de photo sont organisés pour repérer et aider les nouveaux talents. Martin Morel, distingué par la médaille d'argent de la Photographie Professionnelle Française en 2012, en fait partie.
Un photographe indépendant est rémunéré en fonction de sa notoriété, du marché et de la concurrence. Le matériel est cher, un appareil adéquat coûtant entre 1.500 € et 2.000 €, un trépied entre 80 € à 300 €. Il faut aussi compter les pièces de rechanges, les objectifs et les accessoires (confort, camouflage, tenue, etc.) Martin Morel a choisi le Canon 5D Mark III sur trépied avec un téléobjectif Canon 300mm 2.8.
Les 7 règles d'or du photographe animalier
Étudier son sujet avant de partir à sa recherche sur le terrain
Travailler en amont en réfléchissant à l'image que l'on souhaite obtenir.
Ne pas se faire repérer
Ne pas isoler l'animal de son environnement
Être un observateur patient.
Ne pas chercher à tout prix l'animal rare et respecter l'environnement.
Utiliser une longue focale d'au moins 300mm.