Questions de genre, orientation sexuelle… les intérêts renouvelés de la jeunesse étudiante

  • Publié le 08 mars 2022
  • Mis à jour le 08 mars 2022
  • digiSchool
Les étudiants en sciences sociales, comme la fraction la plus diplômée de la jeunesse, portent un intérêt croissant aux questions de genre ou d’orientation sexuelle. À l’approche de la présidentielle, loin de s’opposer aux recherches sur les inégalités et les classes sociales, cet intérêt les enrichit, selon des témoignages recueillis par l’AFP.
étudiants féminisme égalité

digiSchool avec AFP – par Emmanuel DEFOULOY.

« Ces sujets ont une grande importance, dans ma vie comme dans mes études », explique d’emblée Maxime, 20 ans, en licence de sociologie à Paris, qui souhaite être cité par son seul prénom. « Harcèlement scolaire » au collège parce qu’il ne voulait pas jouer au foot avec les autres garçons, sexisme ou homophobie prégnants mais « invisibilisés » (non discutés, ni pris en compte) dans son lycée privé « catholique, extrêmement conservateur »… Ces sujets, il les étudie, mais ce fut aussi son quotidien. Comme beaucoup d’étudiants.

Un intérêt accru des étudiants pour les questions d’égalité et de genre

« Oui, mes étudiants des filières sciences humaines et sociales, ces questions de genre, d’égalité entre les sexes, de sexualité, voire d’environnement. Ça les préoccupe de manière croissante, c’est vrai. Et parmi eux, de plus en plus de futurs doctorants », souligne à l’AFP Camille Peugny, directeur de la Graduate School sociologie et science politique de l’université Paris-Saclay.

Mobilisations pour l’égalité femmes-hommes, libération de la parole, notamment depuis le mariage homosexuel, prise de conscience des divers types de discriminations, développement des « études de genre », mouvement #metoo… Plusieurs raisons expliquent cet intérêt accru.

Mais en bon étudiant en sociologie, Maxime n’est pas dupe : « beaucoup d’étudiants à l’université sont de familles CSP+ », les catégories sociales les plus favorisées, « mais d’autres franges de la jeunesse ont d’autres préoccupations, avant tout trouver un boulot pas trop précaire ».

C’est que la jeunesse étudiante n’est pas toute la jeunesse. Celle-ci est « fracturée » par de « profondes inégalités sociales », et dans sa fraction la moins diplômée, notamment chez les « vaincus de la compétition scolaire », on observe une « marée montante de la précarité », explique Camille Peugny dans son livre Pour une politique de la jeunesse (République des Idées/Seuil), qui vient de paraître.

Voir aussi : Violences sexistes et sexuelles : le plan d’action du gouvernement pour l’enseignement supérieur

« Pas de contradiction »

Cette diversité explique pourquoi, en moyenne, les valeurs des moins de 30 ans ne diffèrent pas sensiblement de celles des 30-59 ans. Si clivage il y a, c’est avec la génération des plus de 60 ans, résume le professeur de sociologie, à partir des enquêtes European Social Survey et European Value Survey de 2018.

Un constat qui recoupe, en partie, celui des sociologues Olivier Galland et Marc Lazar, dans leur étude « La jeunesse plurielle ». Publiée par l’Institut Montaigne, elle s’appuie sur un panel de 8 000 jeunes de 18 à 24 ans. Les questions de genre, de droits des personnes LGBT ou l’idée d’un « racisme structurel » sont jugées très importantes par une partie seulement de ces jeunes (28 %, 35 % et 11 % respectivement). Alors que des sujets comme les violences faites aux femmes (77 %), le racisme (67 %), les inégalités et l’écologie (chacun 62 %) le sont par une large majorité. D’ailleurs, en dépit de divergences entre chercheurs, cet intérêt pour les discriminations de tous types ne paraît pas se développer au détriment de la question sociale.

Genre, orientation sexuelle, origine ethno-raciale… « Si ces questions paraissent plus importantes, c’est peut-être parce qu’elles sont plus médiatisées », relève Clara, venue de Nantes, même âge et mêmes études que Maxime. « Mais dans les travaux qui sont faits, ça ne prend pas le pas sur les inégalités sociales. C’est ce que je ressens dans les cours qu’on a, dans nos lectures, dans nos discussions entre camarades. Et si on fait une enquête en oubliant un de ces facteurs, elle risque d’être incomplète. »

« Il n’y a pas de contradiction entre ces deux types de préoccupations, même moins qu’il y a quinze ans », renchérit Camille Peugny, pour qui « ce qui nous donne cette impression, c’est que les questions sociales sont moins portées par l’offre politique ».

« Mais beaucoup de thèses enrichissent les points de vue sur les inégalités sociales par des questions de genre ou d’origine ethnique. On assiste plus à un enrichissement des analyses en termes de classes qu’à leur recul ou leur disparition », ajoute-t-il.

Voir aussi : Combattre les clichés pour la mixité des métiers

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